PIERRE DE CLARIS-FLORIAN

Un singulier prieur.

                  Presque vingt ans après avoir perdu un meunier trop hospitalier, la paroisse de Saint Jean de Crieulon recevait, en 1711, un singulier prieur en la personne de Pierre de Claris-Florian, grand oncle du fabuliste, l'une des gloires de Sauve avec Jean Astruc, médecin de Louis XV, qui n'a de commun avec nos meuniers que le nom.

                Fils de Jacques de Claris, docteur es droits et avocat à Sauve, né en 1678, Pierre est baptisé dans le religion réformée et suit les exercices du culte jusqu'à l'abjuration de toute sa famille en avril 1686 entre les mains de l'évêque de Montpellier.

                Voila une date d'abjuration bien tardive pour un notable de Sauve dont les sentiments devaient être connus de tous et qui, dès octobre 1685 devait être sollicité d'abjurer. En fait, Jacques de Claris, qui avait des prétentions de noblesse, avait accepté de différer sa conversion pour mieux renseigner l'Intendant de Languedoc sur ses coreligionnaires de la région. Il sera récompensé par le roi en voyant sa noblesse reconnue.

 

                Dans toutes les familles nobles, le cadet est promis à la prêtrise. Ce sera le destin de Pierre de Claris qui a  écrit à propos de son passage au séminaire:

                "Je me laissais mener dans ce lieu de mort sans ouvrir la bouche. Pendant mes études, je me souviens que, né dans une autre religion, j'avais peine à appeler hérétiques ceux qui la professaient; mais je m'appliquais à vaincre ces voix intérieures..."

                Devenu curé du village de Campagne, prés de Sommières, il s'occupe de sa paroisse de façon remarquable. Il fait connaître à ses fidèles "Le Livre Saint des Ecritures", chanter les psaumes et prier en français. Il n'oblige pas les nouveaux convertis à assister à la messe. Mais le peuple vient attiré par ce prêtre tolérant. La guerre des Camisards est finie depuis peu et une telle attitude est propre à apaiser les esprits après tant d'excès commis de part et d'autre.

                Mais les curés du voisinage sont outrés par son attitude et l'appellent " janséniste, huguenot, ministre". Alerté, l'évêque se contente de le déplacer à Saint Jean de Crieulon où son premier acte pastoral sera le baptême d'Antoine Astruc le 8 novembre 1711 au bas duquel figurent les deux signatures: Astruc et Florian.

 

                Le nouveau prieur attire les nouveaux convertis et sa réputation devient telle que l'évêque de Nîmes, Monseigneur Rousseau de la Parisière, lui demande de venir prêcher une fois par mois au chef-lieu du diocèse. Cependant sa conscience est troublée et il entre secrètement en correspondance avec Bénédict Pictet, un professeur et pasteur genevois. Après des années de recherches, ne pouvant plus supporter la dissimulation, il avertit ses paroissiens et son évêque et quitte la France.

                Le dernier acte signé par lui date du 10 mai 1716 ; sous prétexte d'un voyage à Paris, il vend ses meubles et quitte Sauve le 20 août 1716. Son voyage avait été bien préparé car, dès le 7 septembre, il quitte Genève pour l'Angleterre où il est nommé ministre de la Patente à Londres et épouse Marie Coyer en 1717. Il mourut vers 1738.

 

                Dans les registres paroissiaux de Saint Jean de Crieulon on constate une altération de la signature au cours de la dernière année de ministère qui de "Florian, prieur" deviendra "de Clari Flor. prieur" et la dernière " Declari" sans la mention prieur. Doit-on y voir la traduction graphique de l'évolution spirituelle?

                Nous laisserons aux savants versés dans les sciences PSY..   le soin de répondre à ces questions.

 

Retour Mes travaux            Retour Table des matières        Suite de l'historique