C - La construction et ses aleas.

   

           

            Vingt années se sont écoulées depuis le début des travaux topographiques et les ouvrages principaux de la nouvelle route d'Auvergne en Languedoc sont achevés. La maîtrise d’œuvre de l'achèvement des travaux passe à la province et le Sieur POMIER, promu entre temps Ingénieur en chef des ponts et chaussées, se trouve dessaisi de la conduite des travaux restant à faire et adresse le mémoire suivant aux états du Languedoc :

 

Mémoire

Présenté à Nosseigneurs des Etats par le Sieur Pomier, Ingénieur pour les ponts et chaussées, cy-devant chargé par le Roy de la conduite et exécution de la nouvelle route d'Auvergne en Languedoc par le Vivarais, remise sous l'administration de la Province de Languedoc depuis le premier janvier de la présente année 1770.

« La nouvelle route d'Auvergne en Languedoc par le Vivarais qui avait été confiée au Sieur Pomier depuis plus de vingt ans, ne doit point être considérée dans sa conduite et son exécution comme un ouvrage ordinaire des ponts et chaussées ; il a été nécessaire avant de faire aucun projet concernant cette route d'avoir une connaissance parfaite du local, ce que le Sieur Pomier n'a pu acquérir qu'en parcourant tout le pays du Gévaudan et du Vivarais, même dans les parties les plus inaccessibles et en faisant une étude particulière des montagnes et des gorges dont ces deux pays sont presque entièrement composés. Les premières années ne lui ont pas suffi pour connaître parfaitement les passages, puisque de tous les projets tracés dans le commencement sur le plan général de concert avec l'inspecteur général qui avait pour lors l'inspection de cette nouvelle route, aucun n'a été suivi et ne doit l'être; et ce n'est qu'après des courses et des observations de plusieurs années que le Sieur Pomier est parvenu à trouver la manière de traiter cette route, la plus propre soit à la rendre douce et facile, soit en diminuant la longueur et la dépense.

         La côte de Mayres pourrait servir de preuve à ce qu'on vient d'avancer ; cette côte a été successivement projetée par Mr Pottard, Mr Gendrier, Mr Fortin et Mr Glaises : d'après leurs vues, deux ou trois traces furent ouvertes à grand frais et toutes d'une manière infructueuse, leur inutilité reconnue ayant forcé de les abandonner, le Sieur Pomier fut chargé de faire un nouveau projet de cette côte ; la parfaite connaissance qu'il avait acquise du local dans la conduite de toutes les traces faites par ordre des supérieurs lui fit naître l'idée du projet qu'on exécute aujourd'hui, et qu'il détermina sur le terrain même, en cinq jours, et par une seule opération, projet qui présenté au bureau des ponts et chaussées lui a mérité les éloges de tous ses confrères et même du ministre, et dont on connaîtra la difficulté, si on considère que la côte qui en est l'objet a été jusqu'ici presque entièrement inaccessible, et qu'elle est réduite aujourd'hui à une pente peu sensible dans une montée de plus de deux lieux de longueur, où il a été escarpé environ trente mille toises de rocher, et construit 27 ponts assez considérables, la plupart d'une forme singulière pour se raccorder à la bizarrerie des ravins et ruisseaux sur lesquels ils sont construits.

         On peut également voir par la comparaison des projets que le Sieur Pomier a remis à la commission, qu'aucuns n'ont été formés tels qu'on les avait cy-devant tracés, à commencer de la sortie d'Alais, à St Ambroix, de Pleau (Pléoux) à la Maison Neuve, de Saradon à Tuech (Thueyts), Mayres et la Chavade; les mêmes changements doivent avoir lieu dans tout le reste de la route, pour plusieurs autres parties qui ne sont pas moins difficiles à traiter et sur lesquelles le Sieur Pomier a des idées bien réfléchies et bien déterminées, mais qui ne peuvent se marquer sur le plan qu'après avoir été tracées sur le chemin.

         C'est d'après ces titres que le Sieur Pomier avait cru pouvoir regarder la conduite de la nouvelle route d'Auvergne comme un bien que son travail lui avait acquis et que sa réputation lui rendait cher, et on conçoit aisément qu'il n'a pu voir sans quelque peine cet ouvrage remis en d'autres mains ; il n'a garde cependant de se plaindre d'un changement que la constitution de la province a rendu nécessaire ; il croirait même manquer aux bontés et à la confiance dont Nosseigneurs des Etats l'ont toujours honoré, s'il ne s'empressait non seulement à leur remettre tous les plans, projets, devis estimatifs qu'il a faits pour cette route et à leur rendre un compte exact et circonstancié de tous les travaux qui y ont été faits jusqu'ici, mais même de leur communiquer toutes les connaissances qu'un travail de vingt années lui a acquises sur cette route, et c'est par cet unique motif qu'il a pris la liberté de remettre à MM les syndics généraux un mémoire d'observations tant sur les ouvrages faits que sur ceux qui restent encore à faire.

         Mais quelque étendue et quelque clarté que son zèle ait voulu donner à ces observations, il est évident qu'elles ne scauraient être que bornées et insuffisantes, plusieurs parties de cette route ne pouvant se démontrer et être bien entendues que sur le terrain même ; le Sieur Pomier s'offre d'y suppléer en se transportant sur les lieux dans toutes les occasions où Nosseigneurs des Etats le jugeront convenable ; car malgré l'abandon qu'il se trouve obligé de faire de cette route dont il avait créé les projets les plus difficiles, comme M. de Trudaine veut bien encore le conserver à Alais à cause de l'Etablissement qu'il y a formé, il profite avec empressement de cet avantage pour offrir à la province tous les secours dont il peut être capable par les connaissances qu'il s'est procurées depuis qu'il était chargé de cet ouvrage ; s'il plaisait même à ses sages et illustres administrateurs de lui conserver par une commission particulière la conduite de la côte de Mayres, il veut espérer qu'ils seraient contents de la manière dont il répondrait à leur confiance.

         Le Sieur Pomier se flatte en même temps de pouvoir obtenir une gratification de la part de Nosseigneurs des Etats ; il pourrait la solliciter comme une récompense à raison des peines qu'il a prises pour la formation des différents projets qu'il remet à la province et de l'éxécution desquels il est privé, projets qui ont altéré sa santé par les courses continuelles et dangereuses qu'il a été obligé de faire dans un pays plein de précipices, et habité en grande partie par des gens presque sauvages surtout dans le commencement de la formation de cette route, laquelle n'a pas pu servir à adoucir leurs moeurs, projets dont la redition de compte qu'il vient de faire à la province lui a procuré une surcharge de travail et de calculs aussi multipliés que difficiles ; mais c'est moins à ces motifs que le Sieur Pomier ramène la bienfaisance de Nosseigneurs des Etats qu'au souvenir même de leur bonté pour lui, il s'en fait un titre pour en solliciter de nouveaux témoignages, ils feront connaître que s'il n'a pas continué ses mêmes fonctions sur la nouvelle route, c'est parce que la constitution de la province s'y oppose, et non pas qu'il se soit rendu indigne de leur confiance, aussi la reconnaissance verra-t-elle dans le bienfait quelque chose de plus précieux encore que le bienfait même, et elle y trouvera des motifs toujours plus forts de s'attacher à la province, de se rendre utile à Nosseigneurs des Etats et de leur prouver par la continuité de ses travaux, celle de son zèle, de sa gratitude et de son profond respect. »

        

            Voila résumées dans ce mémoire en forme de supplique vingt années de la vie de cet ingénieur des ponts et chaussées qui décèdera accidentellement deux années plus tard à Alais en portant secours à un ouvrier puisatier.

 

            Si nous savons que Jean Louis Pomier avait acquis à la toute nouvelle Ecole des Ponts-et-Chaussées son savoir-faire, je ne saurais dire d'où lui venait cet art du faire-savoir qui lui permet de s'attribuer tous les mérites de la construction de la route. Nous verrons plus loin en détaillant ses activités dans la période 1750-1770 que le Ministre avait dû parfois le bousculer et lui rappeler ses devoirs Nous reviendrons aussi sur les préoccupations financières du Sieur POMIER.

           

 

 

            En sa qualité de maître d’œuvre des travaux, POMIER eut à justifier au moins deux fois des dépassements de coût pour la construction d’ouvrages d’art qui permettent de mieux comprendre comment l’on pratiquait.

           

            En 1764, il doit justifier le dépassement du coût lors de la construction du pont sur l'Ardèche prés du hameau de Portaloup adjugé le 3 décembre 1759 pour 52 000 £ au sieur RACHAN et passé à 84 657 £ (+ 60 %).

            Il estime les coûts des ouvrages construits en sus du devis initial à 21 025 £ ce qui ramène le dépassement à 11 964 £ y compris 10% d'intérêts sur cette somme. Dans ces coûts il faut comprendre les indemnités versées aux habitants de Romingé (Romégier) pour privation de leur eau du canal d'arrosage de leurs prés pendant quatre ans et celles versées aux habitants de Prades et Mercuers pour l'ouverture du chemin de la carrière de Farges (5 km SE du pont).

           et de conclure :

" Cette augmentation de dépense pour une adjudication de 52 000 £ paraîtra peut-être bien considérable mais si on veut bien se rappeler que le seul pont de Labaume revient à la Province à prés de 100 000 £ et que pour la somme de 84 657 £ on a construit un pont plus large sur l'Ardèche, un mur de quai de 63 toises de longueur sur 20 pieds de hauteur, une contre-digue en maçonnerie, un canal d'arrosage de 328 toises.....on a construit avec autant d'économie qu'il est possible dans un pays où il n'y a aucune ressource en ouvriers, voitures, outils et équipages....."

            Dans son rapport du mois de mars 1764, Monsieur GENDRIER, inspecteur général des Ponts et Chaussées, fait siennes les explications et conclusions de POMIER.

            Après avoir examiné les comptes, les commissaires du Languedoc acceptent de payer  81 701 £

 

En 1766, le pont sur le Chassezac à hauteur de Maisonneuve est achevé mais ici, comme à Portaloup, un dépassement de crédits oblige le Sieur POMIER à justifier le coût de l'ouvrage de 154 030 £ 13 sols 1 denier pour une adjudication de 116 000 £ soit plus 32 %. Il reprend et approuve le mémoire du Sieur CLUCHIER, adjudicataire qui mérite d'être étudié en détail et auquel on pourrait donner pour sous-titre: 

« les malheurs d'un adjudicataire » :

1 - Le Sieur Cluchier après plusieurs offres successives et toutes supérieures au devis de 116 000 £ fait par les ingénieurs du Roy a finalement accepté le 19 novembre 1759 l'adjudication au prix dudit devis.

2 - Dès le début des travaux Cluchier se rendit compte que son offre moins disante n'était pas réaliste car le devis estimatif avait été fait dix ans auparavant ; le coût de la main d'oeuvre avait augmenté de 33% comme celui des matériaux.

Dans le devis le coût de la journée est estimé à 16 sols, Cluchier a payé 20 sols ; pour les tailleurs de pierre, maçons, charpentiers il a payé de 30 à 40 sols au lieu des 25 prévus ; de plus il a été obligé de faire venir des gens de loin d'où un sur-coût dû au voyage.

3 - L'ingénieur pensait trouver de la pierre à toute proximité ( 50 toises). Il a fallu la chercher à une demi-lieue en traçant une route dans la montagne. La pierre était plus dure que prévue. Il a fallu plus de charrettes ; plus d'animaux : mules, chevaux ou boeufs à nourrir avec le fourrage très cher car rare à cet endroit. Il a perdu 17 animaux de trait.

4 - Pour le bois nécessaire à la construction, il était prévu d'exploîter une forêt à une demi-lieue qui entre temps avait était vendue pour construire un autre pont. Nécessité d'aller chercher du bois à 9 ou 10 lieues et remplacement du chêne par du sapin dont on devait augmenter la consommation pour pallier la moindre solidité.

5 - Les ingénieurs du Roy ont rejeté de grandes quantités de matériaux dont 1200 quartiers de pierre de taille dont 428 déja taillés et portés à pied d'oeuvre venant de la carrière prévue dans le devis.

6 - Pendant la durée des travaux, onze crues du Chassezac ont emporté les ponts provisoires servant aux charriots amenant les matériaux et des tas de bois, ces mêmes crues ont dégradé les culées......

                        D'où de grandes dépenses          le 11 septembre 1766.

            Finalement il touchera 141 219 £

 

 

 

            Les relations de POMIER avec son ministre ne sont pas toujours  idylliques.

            Ainsi en juin 1764, après que le ministre ait examiné son rapport pour l'année 1763, il lui écrit sous couvert de l'Intendant : il est surpris par les sur-coûts des ponts en construction sur l'Ardèche à Portaloup et sur le Chassezac car les commissaires du Languedoc n'acceptent aucune augmentation aux adjudications.

Le ministre ajoute :

.. Il y a un retard considérable dans toutes les opérations de votre département :

- l'état annuel de situation des ouvrages doit me parvenir en mars ;

- depuis deux ans il demande, sans succès, qu'on lui adresse de petites cartes de la nouvelle route ;

- depuis trois ans, il lui a demandé de se rendre sur le terrain entre Tuech et Maynes ; pas de réponse.

.. Je vous prie de réfléchir sérieusement sur tous ces objets et de remplir la promesse que vous me faites de compenser le temps que vous avez perdu. Vous devez vous piquer d'avancer d'autant qu'il dépende de vous les ouvrages de la route dont vous avez l'inspection et dont j'ai fort à coeur le progrès. Les fonds n'ont pas manqué jusqu'ici et je ne vous en laisserai sûrement pas manquer mais je veux les voir appliqués successivement à l'exécution des projets par lesquels il est instant de continuer cette route et si vous ne montrez pas plus d'activité à les suivre, je serai forcé de changer toutes les dispositions que j'ai faites en vous en commentant l'exécution"

                       

            En transmettant cette missive à l'Intendant, TRUDAINE dit : « Je sais que cet ingénieur a des valeurs et de l'activité mais comme le retard dans lequel il se trouve me donne un préjugé très naturel qu'il s'occupe de beaucoup de choses qui ne concernent point son état, j'ai singulièrement insisté sur l'irrégularité de ce retard....je vous demande de lui remontrer le tort qu'il se fait de ne pas apporter plus de célérité aux opérations dont il est chargé ».

            Ces retards reprochés par le ministre sont sans doute dus au fait que depuis juillet 1759, POMIER est devenu Inspecteur des "chemins royaux et de traverse" de la partie est du diocèse d’Alès.

 

Les archives ne contiennent pas la réponse de Pomier et les explications fournies à son ministre mais quelque années plus tard il est toujours en poste.        

 

 

Le compte rendu pour l'exercice de 1767 permet de faire le point des dépenses faites ou engagées.

 

            Recettes :

ordinaires 500 000 £ (la province)

            extraordinaires 350 000 £ (le Roy) 

                                                                    soit un total de 850 000 £

 

Dépenses :

1.       Construction du pont de Gueule d'Enfer sur le ruisseau de Tuech prés du village de ce nom adjugé 25 100 £ aux Sieurs Cabrat et Dufour ; coût 41 486 £ 4 sols 6 deniers dont des indemnités aux habitants de Tuech pour terrains pris et exploitation de la carrière de Brige.

2.       Construction du pont de Portaloup coût final 88 446 £ 10 sols 5 deniers.

3.       Construction du pont sur le Chassezac : coût final 154 030 £ 13 sols 1 denier dont 12 811 £ 17 sols 10 deniers comme indemnités aux particuliers expropriés et les vacations des experts les Sieurs Serres et Fuzet.

4.       Construction du nouveau chemin de la côte de Mayres du col de La Chavade à St Martin de Mayres  adjugé aux Sieurs Salles et Caylus pour 534 000 £ dont 233 000 payées sur l'exercice 1766 et 100 000 payées sur 1767.

5.       Emoluments versés depuis le début du projet 144 710 £ dont, en 1767, 2400 £ à M. POMIER et 1500 £ à M. Le JOLIVET, son adjoint.

6.       Gratifications 3200 £ dont 600 £ à POMIER et 300 £ à Le JOLIVET en 1767.

7.       Frais de bureau : M. POMIER 300 £

8.       Pour le nommé GAUTHIER, manoeuvre estropié par un accident 200 £

 

                                TOTAL des dépenses à la fin 1767 : 888 001 £ 2 sols 6 deniers.

 

            Pour la construction du pont de Maison Neuve sur le Chassezac, nous venons de voir que des indemnités ont été versées aux propriétaires expropriés ; elles sont de deux natures différentes : pour expropriation d’un bien foncier et pour décharge de la taille.

            Comment sont-elles calculées ?

L'usage voulait que les terres prises à un particulier soient mesurées par un arpenteur «juré et non suspect » en présence du directeur des travaux publics après les proclamations faites dans les villes des alentours puis estimées par un ou deux estimateurs «capables et d'une probité reconnue » pris hors du lieu.

Ensuite le directeur dresse son procès-verbal pour le paiement desdits particuliers.

Ce procès-verbal fixe aussi l'indemnité due pour les décharges de la taille. 

La taille étant variable selon les années, on calcule la taille moyenne sur les dix dernières années payée pour la pièce de terre dont un certain pourcentage est pris pour le nouveau chemin. Ce pourcentage est appliqué à la taille moyenne et donne la taille payée pour la partie expropriée qui multipliée par vingt donne le capital de l'indemnité payée au propriétaire. Ce capital payé, le propriétaire reste chargé de la taille entière du fonds pour lequel il est cotisé - bien qu'on en ait pris une partie pour le chemin. Anciennement, les tailles des parcelles requises étaient mises à la charge des communautés mais cela demandait de revoir tout le compoix. D'où la nouvelle méthode.

 

            Le 4 juillet 1768, TRUDAINE, après étude du bilan de 1767, écrit à POMIER : « sur les bons témoignages qui ont étés rendus de vos services et ceux de M. Le JOLIVET, Monsieur le contrôleur général a bien voulu vous accorder une gratification de 600 £ et de 300 £ à M. Le JOLIVET... J'espère que cette grâce accélérera de plus en plus votre zèle pour avancer les ouvrages de la nouvelle route et surtout pour bien économiser les dépenses qui sont considérables ».

            Le ministre et l'Intendant de Languedoc avaient à défendre leurs gens contre les attaques des Etats de Languedoc où dans la séance du 5 janvier 1768, Monseigneur l'évêque d'Alet avait passé au crible les dépenses de la nouvelle route dont le dépassement de devis pour le pont de Maison Neuve.

            Sur les exercices 1768 et 1769, le Roy avait fini de financer les travaux de la côte de Mayres qui, à elle seule, a absorbé la moitié des crédits. Le montant total des dépenses s'élève à 1 050 000 £ soit avec une livre valant environ 4 € un coût total supérieur à 4 millions €.

 

            Le 31 décembre 1769, la province devient maître d’œuvre pour l'achèvement des travaux.

            Une dernière fois, le 27 avril 1770, l'administration centrale intervient sous la forme d'une lettre de M. TERRAY [xi], Contrôleur général des finances, à l'Intendant de Languedoc pour le prier de faire payer par les Etats le dernier financement dû et les sommes en suspend dont les appointements dus aux ingénieurs 600 £ de gratification ordinaire au Sieur POMIER plus ses frais de bureau « selon l'état qu'il dressera » et 1050 £ au sieur Le JOLIVET pour les appointements de ses six derniers mois et 300 £ de gratification ordinaire.

           

            Nous voila revenus en 1770 date du mémoire de POMIER dont je vous épargnerai une seconde lecture.

            Toute la fin dudit mémoire est consacrée à une offre de services et à la sollicitation d'une gratification. Au fil de ce qui vient d'être dit, on comprend mieux ses préoccupations financières quand on voit que ses appointements sont restés inchangés pendant 20 ans, soit 2400 £ par an, qu'ils étaient payés avec plus ou moins de retard, et qu'il devait faire l'avance de ses frais qui étaient remboursés à plus ou moins longue échéance.

           

                        C'est certainement pour améliorer ses revenus, qu'en 1759, il sollicite et obtient le poste d'Inspecteur des "chemins royaux et de traverse" du diocèse d'Alais (partie est). Pour occuper cette fonction ses atouts n'étaient pas négligeables : sa qualification ne pouvait être mise en doute, son origine orléanaise le mettait à l'abri des tentations auxquelles ses prédécesseurs n'avaient pas su résister et son remariage récent dans la bourgeoisie alésienne lui avait procuré les soutiens indispensables pour obtenir un tel poste. C’est dans cette fonction qu’après une gardonnade particulièrement dévastatrice pour Anduze, il fit construire le Quai qui protège la basse ville – mais en septembre 2002, la ville fut inondée par les eaux du Gardon qui avaient contourné le Quai par l’aval.

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