PIERRE
DE CLARIS-FLORIAN
Un
singulier prieur.
Fils de Jacques de Claris, docteur es droits et avocat à Sauve, né en
1678, Pierre est baptisé dans le religion réformée et suit les exercices du
culte jusqu'à l'abjuration de toute sa famille en avril 1686 entre les mains de
l'évêque de Montpellier.
Voila une date d'abjuration bien tardive pour un notable de Sauve dont
les sentiments devaient être connus de tous et qui, dès octobre 1685 devait être
sollicité d'abjurer. En fait, Jacques de Claris, qui avait des prétentions de
noblesse, avait accepté de différer sa conversion pour mieux renseigner
l'Intendant de Languedoc sur ses coreligionnaires de la région. Il sera récompensé
par le roi en voyant sa noblesse reconnue.
Dans toutes les familles nobles, le cadet est promis à la prêtrise. Ce
sera le destin de Pierre de Claris qui a écrit
à propos de son passage au séminaire:
"Je me laissais mener dans ce lieu de mort sans ouvrir la bouche.
Pendant mes études, je me souviens que, né dans une autre religion, j'avais
peine à appeler hérétiques ceux qui la professaient; mais je m'appliquais à
vaincre ces voix intérieures..."
Devenu curé du village de Campagne, prés de Sommières, il s'occupe de
sa paroisse de façon remarquable. Il fait connaître à ses fidèles "Le
Livre Saint des Ecritures", chanter les psaumes et prier en français. Il
n'oblige pas les nouveaux convertis à assister à la messe. Mais le peuple
vient attiré par ce prêtre tolérant. La guerre des Camisards est finie depuis
peu et une telle attitude est propre à apaiser les esprits après tant d'excès
commis de part et d'autre.
Mais les curés du voisinage sont outrés par son attitude et l'appellent
" janséniste, huguenot, ministre". Alerté, l'évêque se contente de
le déplacer à Saint Jean de Crieulon où son premier acte pastoral sera le
baptême d'Antoine Astruc le 8 novembre 1711 au bas duquel figurent les deux
signatures: Astruc et Florian.
Le nouveau prieur attire les nouveaux convertis et sa réputation devient
telle que l'évêque de Nîmes, Monseigneur Rousseau de la Parisière, lui
demande de venir prêcher une fois par mois au chef-lieu du diocèse. Cependant
sa conscience est troublée et il entre secrètement en correspondance avec Bénédict
Pictet, un professeur et pasteur genevois. Après des années de recherches, ne
pouvant plus supporter la dissimulation, il avertit ses paroissiens et son évêque
et quitte la France.
Le dernier acte signé par lui date du 10 mai 1716 ; sous prétexte d'un
voyage à Paris, il vend ses meubles et quitte Sauve le 20 août 1716. Son
voyage avait été bien préparé car, dès le 7 septembre, il quitte Genève
pour l'Angleterre où il est nommé ministre de la Patente à Londres et épouse
Marie Coyer en 1717. Il mourut vers 1738.
Dans les registres paroissiaux de Saint Jean de Crieulon on constate une
altération de la signature au cours de la dernière année de ministère qui de
"Florian, prieur" deviendra "de Clari Flor. prieur" et la
dernière " Declari" sans la mention prieur. Doit-on y voir la
traduction graphique de l'évolution spirituelle?
Nous laisserons aux savants versés dans les sciences PSY.. le soin de répondre
à ces questions.
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