L'ADMINISTRATION COMMUNALE.

Les consuls. Le conseil politique de la communauté.

                 Sous l'ancien régime, l'autorité municipale était personnifiée par le consul, élu en principe pour une année, mais les hommes capables d'exercer cette fonction étaient peu nombreux aussi trouve-t-on les mêmes noms, particulièrement les membres des familles Boudet et Pages d'autant que les personnes qui ne professaient pas la religion C.A.R. (catholique apostolique et romaine) ne pouvaient être, en principe, premier consul. Nous verrons que cette règle sera assouplie ou plutôt oubliée à la fin du XVIIIème siècle. Outre ses fonctions officielles, le consul était quasiment toujours le parrain des enfants naturels nés dans la paroisse ; ainsi :

                "le 2 juin 1715, baptême de Louis fils naturel de père qui ne se montre pas et de Isabeau Villeneuve de Sauve, né dans la maison du Seigneur de cette paroisse, Mr de Vibrac, gouverneur de Sauve, qui reçut la mère dans ce village....."

                "le 19 août 1722, baptême de Jeanne fille de père qui ne se montre pas et de Jeanne Durant de la ville d'Alais, né dans la maison du Seigneur de cette paroisse,...........qui reçut la mère dans ce village. Parrain: Jean Boudet consul....."

                Cette périphrase : "père qui ne se montre pas" indique que tout le monde connaît le père qui n'a pu ou voulu reconnaître cet enfant.

                Autre particularité trouvée dans le registre paroissial :

                "le 24 mai 1699, baptême de Louise Lagarde fille de Jean Lagarde et de mère inconnue..."

                Là aussi la mère n'est pas si inconnue des autres paroissiens, mais étant déjà mariée ou veuve depuis moins de neuf mois elle ne peut donner son nom à cette enfant ce qui reviendrait à la faire reconnaître par son mari (vivant ou défunt) avec les problèmes d'héritages que l'on peut imaginer.

 

                Le consul avait la charge de diriger la communauté et d'assurer la liaison avec les diverses autorités.

                Le registre des délibérations nous fait connaître comment se passait l'élection des consuls en 1784. La procédure devait être immémoriale.

                 Le 25 février 1784, le conseil politique de la communauté de Saint Jean de Crieulon assemblé en la forme ordinaire dans une salle du Château de Villesèque par devant Me Jean Dadre d'Aguzan, avocat au Parlement, juge dudit lieu,

Présents: Sr Jean Boudet, premier consul, assisté de Sr François Coursier, Jean Astruc, Jacques Lahondès, Jean Cazaly, Louis Renoux, Claude Soumiac et Pierre Baré tous habitants de la paroisse,

Par ledit Sr Boudet, premier consul, a été dit que Jean Cazaly, second consul est décédé, que luy Boudet est en charge depuis plusieurs années....demande à l'assemblée de nommer trois sujets pour remplir la charge de premier consul et trois autres pour celle de second consul pour que sur le nombre des susdits trois sujets de chaque classe Monsieur le Baron de Vibrac, Seigneur dudit lieu de Saint Jean de Crieulon, fasse le choix suivant le droit existant.

                Trois sujets ayant été nommés pour chaque classe, le Baron de Vibrac a fait choix pour premier consul d'Antoine Bruguier, ménager, et second consul de Pierre Pages, ménager.

                Remarque : Un Jean Cazaly, âgé de 65 ans, a été enterré "protestantiquement" à Villesèque le 7 mars 1781. C'est dire que Jean Boudet était seul pour exercer le consulat depuis presque trois ans. Antoine Bruguier qui est nommé premier consul en 1784 est protestant ; il doit même faire partie du conseil des Anciens de la paroisse protestante de Durfort, à laquelle la communauté réformée de Saint Jean de Crieulon était rattachée, car on trouve souvent sa signature dans les registres curiaux de ladite paroisse.

 

                Toutes les autres réunions du conseil politique de la communauté de Saint Jean de Crieulon se déroulaient dans la maison presbytérale qui devait se situer à proximité de l'église, c'est-à-dire à côté du pont sur le Crieulon. Le Château de Villesèque où le conseil s'était réuni le 25 février 1784 était soit le Mas de Valoscure (maison Arnal) soit la maison Charousset en face de l'église actuelle.

               

                Le 21 mars 1784,.. par le Sr Antoine Bruguier, premier consul, a été proposé à l'assemblée que les pluyes continuelles et la quantité de neige ainsi que les grandes gelées qui sont survenues depuis le mois de septembre jusqu'à présent ont causé un dommage très considérable à la communauté tant à certains particuliers qui n'ont pu semer aucuns grains qu'aux autres dont les semences ont été noyées de même que les oliviers qui, en partie, sont morts par la gelée,........pour faire appel à une expertise du subdélégué ( de l'Intendant de Languedoc) pour obtenir une indemnité.....

 

                Bien que n'ayant, sans doute, guère plus d'habitants qu'au XX ème siècle, la terre constituait le centre principal des activités de la population mais avec une diversification liée à la vie en autarcie pratiquée jusque dans les villages les plus petits.

                 Ainsi trouvait-on de multiples métiers :

Ceux liés à l'exploitation du sol : ménager (propriétaire exploitant), rentier (celui qui verse une rente : fermier), travailleur de terre ou brassier (celui qui ne possède que ses bras), berger, chevrier, jardinier, mais aussi des métiers aujourd'hui exercés seulement, quand ils existent encore, dans les bourgs : cardeur, tisserand, meunier, cordonnier, maréchal-ferrant, aubergiste, cuisinier, chaudronnier, tailleur d'habits (pour le distinguer du tailleur de pierre ; de nos jours, il n'y a plus de confusion possible), voiturier, passementier et même un maître bassaire c'est-à-dire un tondeur de draps (pour donner un meilleur aspect aux draps tissés avec une laine grossièrement filée). Il est sûr que certains de ces métiers ne constituaient qu' une activité hivernale et de complément.

                             

LE CONSUL ET LES IMPÔTS

                 Annuellement, le consul avait une tâche bien délicate. Il était responsable de la répartition et de la levée des impôts. Pour la répartition, il s'appuyait sur le compoix (ou compoids) qui est l'ancêtre du cadastre moderne (encore une création napoléonienne).

                Le compoix de la communauté de Saint-Jean-de-Crieulon a été créé en 1660 et approuvé par la Cour des Comptes, Aydes et Finances de Montpellier le 20 août 1661.... "pour toutes les impositions tant ordinaires qu'extraordinaires qui se feront au-dit lieu de Saint-Jean-de-Crieulon".

                Dans ce document, sont mentionnés les biens immobiliers de chaque propriétaire, définis sur le terrain par rapport à leurs confronts (propriétés voisines), avec une valeur monétaire attribuée à chaque parcelle exprimée en livres, sols, deniers, mailles, pougèzes, pites et ses parties.  Cette valeur, dite de présage, est calculée en fonction du contenu (construction, culture, friche) et de la superficie ; mais elle n'a rien à voir avec la valeur marchande des pièces de terre.

                Le système décimal n'était pas encore adopté et il faut savoir que la livre fait 20 sols, le sol 12 deniers, le denier 2 mailles, la maille 2 pougèzes, la pougèze 2 pites et la pite se partage en quarts ou en tiers. La valeur globale servait de base pour les calculs de répartition qui n'étaient pas simples en raison de la complexité du système monétaire. Nos contemporains qui ont, souvent, des difficultés avec une simple règle de trois, apprécieront.

               

                Lors de la création du compoix, les propriétaires initiaux, (car les mutations étaient inscrites en marge avec la date de l'acte notarié), étaient :

         Dame Jeanne de Pellet, du Château de Vibrac, pour une série de biens dont :

un mas assis dans le taillable de Saint Jean de Crieulon à Villesèque appelé "Mas de Valoscure" confronte du levant le chemin allant d'Anduze à Montpellier, du midy les hoirs de Jean Ducros contenant maison, jasse, pailler, estable, four.... (vendu à François Ferrand par contrat du 6 Pluviose IV acte passé chez Me Julien notaire à Sauve).

  Note: Dans le jugement de maintien de noblesse de Marc Antoine Duranc de Vezenobres, Sieur de Vibrac, en 1667, il est fait mention de feu Hercule Duranc de Valoscure ayeul de Hercule Duranc de Ferrières cousin germain de Marc Antoine. La branche aînée gardait le titre de Baron de Vibrac, tandis que la branche cadette avait, pour un temps, pris le titre de Seigneur de Valoscure avant de prendre celui de Seigneur de Ferrières acquis soit par mariage soit par finances.

   Autres propriétaires:

                 Les hoirs de Antoine de Villeneuve, de la ville de Sauve,

                Jean Boissier, fils d'Etienne,

                Jean Boissier, fils de Jean,

                Etienne Boissier, tisserand de Villesèque,

                Antoine Ducros,

                Les hoirs de Jean Astruc,

                Les hoirs de Jean Ducros,

                Monsieur Castel, prieur de Saint Jean de Crieulon,

                Les indivis de Vièlesèque au crieulon,

                Dame Bernardine de Gallières, de Sommières, pour son mas de St Jean et pour un moulin à bled tirant à une meule appelé moulin de Vallongue,

                Messire Jean de Grégoire, seigneur de Pratlage, docteur en théologie pour son mas de Comiac, celui de la Fauguière et son mas de Montuzorgues,

                Noble Pierre Olivier, sieur du Merlet,

                Etienne Viallaret,

                David Alary,

                Jean Duranc, de Beaucous.

 

   Pour les lieux escartés :

                  Noble François de Ginestoux, seigneur de la Rouvière, conseiller du Roy, viguier du Vigan,

                Monsieur le marquis d'Anduze,

                Noble Rollin Laneruze, sieur de Montsauve,

                Jean Duranc, du mas de Caunelles,

                Me Simon Greffeuille, notaire royal de la ville de Sauve,

                Les hoirs de Daniel Alary, de Sauve,

                Jean Frang, de Sillargues,

                André Euzière, de la Fauguière,

                Jean Ducros, du mas Jean,

                Antoine Ducros, ayant droit de Durant Ducros.

                  Nous, Claude Puech de la ville d'Anduze, Jean Soulier de Durfort et Jean Boissier fils d'Etienne de Villesèque, avons procédé au susdit livre et le tout obtenu de point en point ainsi qu'il est contenu 54 feuilles de papier, le tout comprend un montant de 19 livres 1 sol 10 deniers et ayant procédé le plus justement qu'il nous a été possible....

  Ont été ajoutés à ces propriétaires initiaux :

                Jacques Combes, Pierre Masse, berger, Denis Valadier, Daniel Alary, Anne Meyrargues, Jean Boudet, Guillaume Dumas, berger, Simon Noguier mary de Françon Mazel, Pierre Pages, Antoine Cazaly.

 

En 1749, le roi, ayant encore besoin d'argent, décida de prélever un impot exceptionnel dit du 1/20 ème et le consul fut chargé de dresser la liste des contribuables ; d'où ce document concernant la Communauté de Saint Jean de Crieulon dressé par Jean Boudet, consul, qui donne la liste des propriétaires de la paroisse avec quelques détails pour certains d'entre eux :

   " Jean Astruc, travailleur de terre ;

   - Jeanne Dumas, veuve de Jacques Lahondes, travailleur de terre ;

    - Pierre Pages, travailleur de terre ;

    - Jean Boudet ;

    - Etienne Combes, laboureur ;

    - Vidal Martin, berger ;

    - Antoine Cazaly, ménager ;

   - Jean Cazaly, laboureur ;

    - Guillaume Roussel, mari de Marie Maurin ;

   - Isaac Ayrolle, habitant forain, (habite Durfort), époux de Catherine Mazel ;

    - Jeanne Masse, veuve de Jacques Mazoyer ;

    - Marthe Dufour, épouse d'Etienne Salles de Salèles seigneur de Conqueyrac, procuratrice des biens de Sieur Jean Dufour, son frère, habitant la ville de Lyon, possédant la moitié d'un moulin à une meule, indivis avec Guillaume Cazaly et affermé pour 60 livres par an - à moudre bled sur la rivière de Crieulon - au nommé Portefaix ;

    - Guillaume Cazaly, ménager de la métairie de Beaucous ;

    - Louis Gaspard Duranc de Vibrac, Seigneur de Saint Nazaire des Gardies, de Saint Jean de Crieulon, de Saint Martin de Sossenac, de Saint Félix de Pallières et autres lieux..

possède deux métairies jointes et jouies par le même fermier, l'une de Villesèque et l'autre de Comiac soit :

                                - deux maisons avec les bergeries, paillers, ..

                                - 243 cétérées de terres labourables, la moitié laissée annuellement en gueret et l'autre un quart en froment, un quart en méteil, un quart en bled grossier et le dernier quart en fourrage ;

                                - 837 cétérées en devois ou garrigues pour la dépaissance des bêtes à laine ;

                                - 9 cétérées 3 cartes de pré ;

                                - 15 cétérées 2 cartes de vignes ;

                                - 10 cétérées 2 cartes d'olivettes ;

       affermées à Jean Cazaly pour neuf ans depuis 1747 pour 1950 livres par an.

                A ajouter: revenu des droits seigneuriaux: 20 livres

                A déduire: Censive à M. le Commandeur de Saint Christol: 4 livres

                                  : Censive à M. l'Abbé de Sauve: 4 livres"

 

                Une cétérée ou sestérée était une unité de surface qui valait environ 16 ares 40 centiares ; soit pour les domaines de M. de Vibrac, une superficie de l'ordre de 190 hectares ; terres non nobles donc acquittant l'impôt comme le vulgaire !

                  Les censives payées au Commandeur de Saint Christol (de l'Ordre de Malte dans le département de l'Hérault) et à l'Abbé de Sauve montrent que certaines des terres constituant la Terre de Ranc avaient été concédées par ces autorités ; la valeur du cens n'ayant pas été "indexée", la redevance était minime.

                 Mais la grande affaire annuelle était la levée de la taille aussi bien au niveau de la communauté de Saint Jean de Crieulon que de la province du Languedoc.

 

                Réunie en grande pompe, l'assemblée des Etats de Languedoc qui comprenait trois archevêques, celui de Narbonne présidant de droit l'assemblée, vingt évêques, vingt trois barons et soixante huit députés des villes, après avoir fait mine de discuter le chiffre fixé par le pouvoir central, acceptait de payer le montant exigé puis le répartissait entre les 23 diocèses civils de la province qui, à leur tour, le partageait entre les diverses communautés.

 

                Le registre des délibérations de 1787 permet de montrer comme cela se passait :

" Le 20 juin 1787, le conseil politique de la communauté de Saint Jean de Crieulon assemblé en la forme ordinaire dans la maison presbytérale dudit lieu à 8h du matin.....Antoine Bruguier étant premier consul......il s'agit de répartir la taille pour l'année 1787 dont le montant est fixé à 1716 livres 16 sols et 8 deniers. A ajouter les droits de lever à 8 deniers par livre (soit 3,33%)... moins un avoir sur la levée de l'année précédente.....il reste à percevoir 1729 livres 17 sols.. laquelle somme sera également départie sur celle de 18 livres 6 deniers à quoy se porte l'allivrement du compoix terrien.....la levée sera adjugée au bailliste le moins disant.."

                Il est curieux de constater que l'allivrement du compoix est passé de 1661 à 1787 de 19 £ 1 sol 10 deniers à 18 £ 6 deniers soit une diminution de 1 £ 1 sol 4 deniers explicable par un nouveau découpage du terrain entre diverses communautés voisines et par la mise en valeur de certains terrains en bénéficiant d'exonérations fiscales.

                Le 16 juillet 1787, le même conseil politique se réunit pour dépouiller les enchères de moins dites pour la levée de la taille qui doit intervenir d'ici le 15 avril 1788......proposition de Sieur Hippolyte Jac, bourgeois habitant le présent lieu, sur le pied de gratis pour la levure avec offre de faire livre nette et de donner bonne et suffisante caution........proposition acceptée par le conseil.

                Dès le lendemain, le bail de la taille est dressé.

" Le 17 juillet 1787, au lieu de Quissac et dans notre étude, par devant nous greffier consulaire du lieu de Saint Jean de Crieulon et en présence des témoins cy aprés nommés, furent présents Sieurs Antoine Bruguier et Jean Pages, consuls modernes de Saint Jean de Crieulon, lesquels ont de leur gré et en vertu de la délibération de la communauté, ont baillé et baillent au Sieur Hippolyte Jac, bourgeois habitant Saint Jean de Crieulon, ici présent et acceptant savoir la levée et perception de la taille qui se fera audit Saint Jean de Crieulon la courante année et c'est pour les gages et salaires de gratis dudit leveur faisant son offre....avec la caution du Sieur Pierre Pauc, négociant habitant Quissac,.....les baillistes sont menacés des rigueurs de la loi s'ils ne tiennent pas leur engagement.......

                 De 1780 à 1789, les baillistes de la taille furent successivement: Pierre Dumas fils de Pierre, Guillaume Cazaly fils de Jean de Beaucous, François Coursier ménager ( deux années), Thomas Souche, Jean Villaret habitant La Fauguière, Hippolyte Jac (deux fois) et François Renoux. Le taux de levée varie de 0 à 7 deniers par livre avec une moyenne de trois deniers sur cette période. Le taux de sept deniers a été accordé en 1782 quand, en l'absence de volontaire, on a désigné d'office François Coursier pour effectuer la levée.

                 A propos de la levée de cet impôt, il est à souligner qu'elle n'est assise que sur le compoix terrien c'est-à-dire exclusivement les biens immobiliers. Surtout dans les villes, il est demandé que le calcul soit fait sur le compoix cabaliste qui, à la différence du compoix terrien, prend aussi en compte les biens mobiliers des négociants, des artisans....

 

                La délibération du 10 mai 1789 nous apprend que la communauté avait nommé pour ses députés à l'assemblée de Montpellier tenue le 16 mars : Messire Jean Pierre Jac, prieur, et Sieur Antoine Bruguier son premier consul avec tous les pouvoirs requis et nécessaires à l'effet de porter le cayer (cahier) de doléances et de remontrances rédigé par la communauté........il leur est accordé 6 livres par personne et par jour pour leurs frais de voyage et de séjour soit dix jours effectifs.

                Il est dommage que ce cahier ne soit pas conservé dans les archives de la commune, car il aurait permis de connaître les préoccupations quotidiennes de nos ancêtres.

 

             UNE ADJUDICATION MODELE MAIS LABORIEUSE

                Le 18 février 1781, le prieur de Saint-Jean-de-Crieulon, Messire Jean Pierre Jac, demande diverses réparations à la maison presbytérale. Il s'agit de construire une écurie et un grenier à foin, une chambre supplémentaire et de réparer l'ensemble des autres pièces : conduits de cheminée, pavage,....

                Le conseil de la communauté reconnaît la justice de la demande et fait dresser un devis.

 

                Le 16 avril 1781, les offres de différents maçons des villes des environs sont reçues.

                Sieur Louis Castanier, Me maçon à Sauve, propose d'effectuer les réparations pour 4300 livres (£).[ ce Louis est le frère de Jacques Castanier dont nous parlerons plus loin]

                Sr Benoît Belloc, maçon de Ste Croix, a moins dit de 300£.

                Sr Daudé, maçon de Sauve, a moins dit de 100£.

                Sr Jean Pierre Belloc, maçon de Quissac, fera les mêmes réparations pour 3800 £.

 

                Et après avoir allumé la chandelle, il a été conclu que l'adjudication ne sera faite qu'après qu'une chandelle entièrement brûlée sans offre et que les offres ne pourront se faire au dessous de cinquante livres.

                Sr Jacques Lahondès a moins dit de cinq cents livres.

                Sr Jean Baudoin, maçon de Durfort, a moins dit de 100 £ aux mêmes parties et clauses.

                Sr Jacques Laget, maçon de Sauve, offre de faire le travail pour 3000 £.

 

Deuxième feu.

                Le dit Baudoin a moins dit de 50 £.

                Benoît Belloc a moins dit de 50 £.

                Jean Pierre Belloc a moins dit de 100 £.

 

Troisième feu.

                Sr Isaac Roussel, serrurier de Quissac, moins dit de 50 £.

                Le dit Baudoin a moins dit de 50 £.

                Benoît Belloc a moins dit de 50 £.

                Sr Daudé a moins dit de 50 £.

 

Chandelle de grâce.

                Le dit Baudoin a moins dit de 50 £.

                Benoît Belloc a moins dit de 50 £.

                Le dit Daudé a offert le tiercement de ladite offre.

Adjugé le tiercement du Sieur Daudé pour le prix de 2350 £ suivant son offre aux pactes, clauses et conditions susdites.

                                                                                              Fait le 16 avril 1781.

 

                Par une délibération en date du 29 avril 1781, la communauté autorise les consuls à traiter avec le sieur Daudé.

 

..........Le même jour, le premier consul fait connaître qu'une somme de 115 £ 10 sols 6 deniers est obtenue en compensation de la dépense faite en mules, mulets ou chevaux pour le service des Brigades de l'Armée en 1744   (l'Ancien Régime n'était pas pressé de payer ses dettes !!)

                 Le cheval du prieur pourrait penser qu'il aura bientôt une écurie digne de lui et de son maître. Mais il ne connaît pas les arcanes d'une adjudication bien menée !

                 Le 3 juin 1781, le bail de réparation de la maison presbytérale est passé entre les consuls et François Daudé, maçon de la ville de Sauve, pour le prix de 2350 £ payables par tiers, un au début des travaux, un au milieu et le dernier à la livraison prévue dans neuf mois. Les cautions de François Daudé sont le Sieur Etienne Pallier, laboureur, habitant Frigoulet et Jacques Laget, Me maçon de Sauve.

                On est en train de relire le bail avant de le signer, quand l'un des membres du conseil vient dire au premier consul que le Sieur Isaac Roussel fait une offre moins disante.

                On décide derechef de rouvrir les enchères.

 

                Le 10 juin 1781, Sieur Jean Baudoin, Me maçon de Durfort, offre de faire les réparations pour 2200 £.

                Le 9 septembre 1781, adjudication définitive(!) au Sieur Baudoin pour 2200 £.

                Après diverses offres moins disantes survenues après cette adjudication définitive, le conseil dans sa réunion du 2 février 1782 décide de confier le travail au Sieur Baudoin pour 2047 £.

 

                Ce n'est pas tout d'avoir fait passer le coût des travaux de 4300 à 2047 £, encore faut-il pouvoir payer cette somme. La communauté, n'ayant pas trouvé de personne à qui emprunter, décide qu'il sera demandé aux habitants les plus aisés de faire l'avance : M. d'Olivier du Merlet 400 £, M. de Bousquet, Jean Cazaly de Beaucous et Delle de Salèlles 300 £ chacun.

                Le 8 février 1782, le bail est signé avec Baudoin pour 2047 £ payables par tiers, livraison dans six mois.

                Le 30 janvier 1783, les travaux étant presque finis, la communauté se préoccupe de trouver les 953 £ pour payer le reliquat et les 6 £ pour l'expert chargé de la réception. Les contribuables les plus aisés sont à nouveau sollicités: le Baron de Vibrac pour 400 £, M. Pascal sieur de Vallongue, le Sieur Coursier, le Sieur Antoine Cazaly fils de feu Antoine et Messire Jac, prieur, chacun pour 100 £ et M. de Pelet pour 53 £ ; sommes qui seront remboursées au prix du denier vingt (5%).

                D'autres travaux sont faits à l'église et à la maison presbytérale car, le 8 novembre 1784, le conseil met en demeure MM. Baudoin et Arnaud, baillistes, d'achever les réparations sous trois jours.

                Le 2 mai 1785, les travaux étant finis, le conseil désigne M. Pierre Dumas, géomètre habitant Lézan, comme expert pour la réception.

                La communauté était d'autant plus intéressée au maintien en état de l'église et de la maison presbytérale que l'une était la seule salle couverte permettant de réunir toute la population et l'autre servait aux réunions du conseil.

                 Au début de l'année 1784, Messire Pelatan, curé de Comiac, avait demandé à la communauté de Saint Jean de Crieulon de participer aux frais de construction d'une maison presbytérale à Comiac. Inutile de dire que cette demande tombait mal et que tous les arguments furent déployés pour refuser

  

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